SAGABARI dont le nom signifie «lieu de paix», selon quelques explications reçues des natifs de ce milieu, est une district du diocèse de Kayes où nous les cmt sont établies depuis le 15 juin 1976. Un pays presque toujours vert malgré le climat aride du Mali. Ses jolis panoramas sur des terrains plats et sablonneux où l’on peut apercevoir des vaches à profusion brouter ou encore des taureaux tirant la charrue, la beauté des champs de coton blanc, les gigantesque baobabs, des ânes transportant d’énormes charges ou encore des enfants jouant au bord du marigot, tels sont les cadeaux que le Créateur su donner à cette partie du Mali au carrefour entre la Guinée et le Sénégal. Des passants qui se saluent allègrement «aniura!, awnisogoma!» ou qui se renvoient des bénédictions.

La communauté Saint Joseph de Sagabary  fut fondée plusieurs années après le drame de Kakoulou, où deux de nos sœurs perdirent la vie, victimes de la fièvre jaune, comme deux vaillants missionnaires au front. Après quelques années d’absence du diocèse de Kayes. Quatre autres sœurs furent envoyées (les survivantes de Kakoulou et d’autres), sœur  Ma. Dolores Ortiz, Nieves de Blas, Ma. Rosario Santillón Arneiz et Teresa del Valle . Telle est l’équipe des fondatrices, pionnières de cette communauté. Par la suite plusieurs sœurs passeront  dans cette communauté chacune laissant une lettre d’or sur le tableau du cœur des Sagabariens qui se souviennent encore de leur nom et même de noms qu’ils leur avaient donné en signe d’intégration dans leur milieu (telle une Kamisoko, Dembele, Keita,…).

Dans ce milieu verdoyant du pays mandingue où les températures sont adoucies par la fraicheur qu’offre la végétation, les sœurs ont depuis plusieurs années accompagné les habitant dans plusieurs domaines : De la santé, la pastorale paroissiale, la promotion féminine, faisant preuve de créativité. Elles étaient certainement mues par l’impératif de notre Fondateur Francisco Palau :

« marche, prêche l’Evangile… Voici la loi: Tu aimeras Dieu parce qu’il est celui qui est, bonté infinie ; et ton prochain comme toi-même ». (Mr 1, 20)

En effet, seul l’amour  de «Dieu et du prochain» peut aider un missionnaire à braver les hautes températures, oublier les commodités que lui offrent son pays pour se lancer dans une telle aventure disant comme l’apôtre: «l’amour du Christ nous presse» ou comme notre Fondateur «Quand Dieu m’appelle, je prends d’assaut et écrase tout ce qui se met en travers de ma route, quelque terrible et désagréable que ce soit» (Lettre 54,1).

Sans cette motivation on ne serait pas loin faire de la folie. Bien que ceux qui n’ont pas la foi le voient déjà de cet œil.

Les gens du village se souviennent encore de la descente des sœurs dans les familles pour leur rendre visite chaque dimanche (une tradition qui continue), être proche de leur réalité, de leurs besoins et ainsi peu à peu elles donnaient forme à leur mission, selon les recommandation de notre Fondateur. Ainsi du dispensaire aux champs jusque dans les maisons les sœurs étaient et restent présentes dans la pastorale, comptant beaucoup avec l’aide des pères missionnaires d’Afrique qu’elles avaient trouvés sur place. Dans la ensuite ceux-ci partirent laissant la paroisse aux prêtres diocésains.

L’un des événements et pas le moindre fut l’accueil de la première postulante en 2001. En effet, la jeune Angeline Dakouo, venue du diocèse du diocèse de San fit des milliers de kilomètres passant par la capital pour enfin rejoindre les sœurs sur les plaines de Sagabari, pas moins de 800 kilomètre de voyage. Signe que cette communauté exerçait une vrai force d’attraction au-delà des frontières du diocèse de Kayes.

Les anecdotes seraient multiples certainement, commençant par l’apprentissage de la langue au accent mal placés, la gestion des bestioles, le sœurs au bord du fleur Bakoye attendant que les eaux baissent pour aller à Kita et j’en passe, les collaborateurs des sœurs s’en souviennent encore, cela fait partie du tissu historique de cette communauté.

45 Ans d’existence de la communauté de Sagabari ! Une bonne occasion pour « regarder le passer avec reconnaissance » pour sa richesse charismatique. Mais aussi considérer le présent avec admiration. Car, les bonnes traditions continuent dans cette communauté, comme cette proximité avec le peuple non seulement en les recévant au dispensaire, à la maternité, à la pharmacie et à l’Eglise mais aussi en les rejoignant dans leur milieu de vie, partageant leur moment vital, tel les naissances, les mariages, les funérailles, le partage avec la communauté sacerdotale. Mais ne l’oublions pas, surtout pour les sacrifices que cela porte : toute réussite de la pastorale passe par un bon apprentissage de la langue. Parler malinké, langue du milieu n’est plus un mystère pour nos sœurs, cela les rapproche plus de la population et elles essaient de répondre dans la mesure de leur force au besoin de gens.

Peut-on affirmer sans peur qu’en quarante-cinq ans d’existence, cette communauté a grandi en même temps que ce milieu, se projette dans ses joies, ses peines et ses espérances. Les sœurs travaillent encore sur certains défis comme convaincre les femmes à faire les CPN, à rester un peu plus au dispensaire après l’accouchement pour le suiviSoeur Dénise responsable de la maternité, convaincre les familles à scolariser les jeunes filles, à ne pas les marier trop tôt et d’autres pratique liées plus à l’ignorance et à l’égoïsme de l’homme sous couvert de la tradition. Pour décourager toute tentative de changement ou d’innovation.

« Sagabari city ! » Comme les jeunes l’appellent avec fierté salue les missionnaires d’hier et d’aujourd’hui et reste ouvert aux missionnaires de demain. C’est avec conviction que nous devons dire :

«  La prédication de l’Evangile continue son œuvre et, s’il y a des martyres et tirants pour planter la foi, il y aura pour édifier la Charité et l’enraciner au cœur de la société ». ( EVV,1,2)

Avec la communauté Saint Joseph de Sagabari disons ensemble :

« Abarka alaye ! »

Solange NTIBABAZA, cmt